De plus en plus mondialisé, financiarisé et interconnecté, le monde d’aujourd’hui dans lequel évoluent nos organisations et nos territoires nous invite à acter le changement et à réinventer de nouvelles pratiques pour répondre à des problématiques de plus en plus complexes. Émergent alors de nombreux discours sur le rôle de la créativité (Parmentier et al., 2017 ; Liu et al., 2017). Or, la créativité a été longtemps associée à la sphère des artistes, ou des grands penseurs selon une approche du monde qui est stratifié ; dit autrement, hormis les acteurs directement impliqués par le sujet, les autres n’avaient pas voix au chapitre (Lubart, 2003). Aujourd’hui, à l’ère de la diffusion rapide des connaissances par le numérique, de la montée en compétence dans le domaine de la créativité (cf. les outils d’intelligence collective, les Tiers Lieux, les FabLab (Suire, 2013)) des individus, qu’ils soient salariés, entrepreneur, citoyen ou étudiant, la créativité n’est plus considérée comme étant un sujet réservé à une minorité de personnes. Elle concerne l’ensemble des acteurs de l’économie et de la société.
C’est ainsi que l’on retrouve la créativité au carrefour des mutations économiques, technologiques, culturelles et sociales, comme une réponse à la nécessité d’apporter une saveur de nouveauté (Tremblay, 2008), d’identifier de nouvelles sources de diversité, de singularité et de plus-value, et de renouveler les organisations, mais aussi les territoires, notamment ceux traversés par des crises.
Considérant que l’environnement joue un rôle majeur sur l’émergence des idées, leur collecte, leur sélection et leur implémentation (Ford, 1996), la créativité nourrit les réflexions sur la ville et le territoire, à travers, notamment les classes créatives (Florida, 2005), les clusters créatifs (Hitters et Richards (2002) et les villes ou quartiers créatifs (Landry, 2000 ; Cohendet et Zapata, 2009 ; Saives et al. 2016). Toutefois, sous ces approches, la créativité se trouve confinée à un capitalisme créatif essentiellement dans une dimension économique productive, ce qui a tendance à évacuer d’autres dimensions possibles de la créativité quand il s’agit de s’intéresser au territoire et à la ville.
La ville se voit de plus en plus investie d’un rôle d’incubateur de la créativité, et devient en somme un laboratoire à ciel ouvert (voir les cas de Barcelone et Montréal dans le cadre des Écoles d’été de la créativité, par exemple (Cohendet et al., 2009)). En retour, la créativité incubée favorise le renouvellement de la ville en respectant son histoire, son l’ancrage culturel et artistique, et son patrimoine, et peut-être, son appartenance au réseau « villes créatives » au sens de l’UNESCO.
Ce congrès pluridisciplinaire a ainsi pour objectif de croiser les regards de chercheurs (économie, gestion, histoire, sociologie, géographie, étude urbaine…) et de praticiens (entreprises publiques et privées, institutions étatiques, organisations non gouvernementales, etc.) sur le thème de la créativité et la ville. Nous retenons, de manière non exhaustive, les domaines du tourisme, de la culture, de l’environnement et du développement durable, du changement climatique, de l’entrepreneuriat culturel et créatif, de l’entrepreneuriat social. Trois axes permettront d’aborder ces regards complémentaires