Les publications remarquables
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Causal cognitive mapping in the entrepreneurial cognition field : A comparison of two alternative methods
Nabil Khelil
Journal of Small Business Management
Volume 59, 2021 – Issue 5: Qualitative Methods, 1012-1049,
DOI: 10.1080/00472778.2020.1866185
Cet article propose de comparer deux méthodes de cartographie cognitive causale largement utilisées dans la littérature managériale et organisationnelle mais qui demeurent peu utilisées dans le champ spécifique de la cognition entrepreneuriale. La première méthode utilise les graphes visuels et le logiciel Decision Explorer développé par Colin Eden et ses collègues. La deuxième méthode s’appuie sur les matrices d’adjacence initialement utilisées dans la littérature managériale et organisationnelle par Karl E. Weick et Michel G. Bougon.
Malgré la grande popularité de ces deux méthodes, un consensus concernant la méthode la plus appropriée pour mieux appréhender la représentation mentale des entrepreneurs—qui selon l’approche cognitive joue un rôle plus important dans leurs décisions et actions que leurs traits de personnalité—fait actuellement défaut. Même si ces deux méthodes partagent le même objectif—appréhender le schéma cognitif causal d’un individu amenant ce dernier à prendre une décision ou une action particulière—il y a peu de recherches sur comment utiliser ces deux méthodes d’une manière complémentaire afin d’obtenir une meilleure compréhension de la cognition individuelle. C’est dans ce cadre que s’est inscrit le présent article publié dans le numéro spécial de Journal of Small Business Management – In search of creative qualitative methods to capture current entrepreneurship research challenges co-édité par Martine Halady-Rispal, Alain Fayolle ainsi que William B. Gartner.
Trois questions ont été abordées dans le cadre de cet article : (1) En quoi les principes méthodologiques sous-jacents à ces deux méthodes diffèrent-ils ? (2) Comment les chercheurs peuvent-ils utiliser ces deux méthodes d’une manière complémentaire ? (3) Qu’apportent ces deux méthodes de plus au champ spécifique de la cognition entrepreneuriale ? Afin de répondre à ces questions, l’auteur présente dans une première partie les fondements théoriques et méthodologiques des cartes cognitives. Il passe également en revue l’utilisation des cartes cognitives dans la littérature entrepreneuriale. Il propose dans la deuxième partie de l’article un guide méthodologique pour les chercheurs souhaitant utiliser l’une de ces deux méthodes ou utiliser les deux méthodes d’une manière complémentaire. Les deux méthodes de cartographie causale ont été par la suite illustrées à partir de l’analyse du discours d’une entrepreneure ayant veçu un échec entrepreneurial. L’auteur cherche à travers cette illustration à montrer en quoi les résultats obtenus à partir de ces deux méthodes sont différents. Les contributions méthodologiques au champ spécifique de la cognition entrepreneuriale et aux recherches utilisant la théorie d’attribution causale et la théorie de l’effectuation ont été mises en avant dans la quatrième et dernière partie. L’auteur discute également des limites méthodologiques et des améliorations potentielles qui concernent principalement le passage d’un mode de raisonnement inductif à un mode de raisonnement déductif et le passage d’une carte cognitive individuelle à une carte cognitive collective.
Nabil Khelil (2021) Causal cognitive mapping in the entrepreneurial cognition field: A comparison of two alternative methods, Journal of Small Business Management, 59:5, 1012-1049, DOI: 10.1080/00472778.2020.1866185
Entretien avec Nabil Khelil, Professeur des Universités, Université de Caen-Normandie
Dans quel cadre a été réalisée la recherche ?
Cet article est issu de mes travaux de recherche sur l’échec entrepreneurial. Afin d’appréhender les représentations que se font les entrepreneurs de leur expérience d’échec, j’ai utilisé les cartographies cognitives, plus précisément les cartes causales utilisant les matrices d’adjacence. Comparée à la littérature entrepreneuriale francophone, cette méthode est peu utilisée dans la littérature entrepreneuriale anglo-saxonne. C’est dans ce cadre que s’est inscrit cet article dont l’un des objectifs est de mettre en avant les contributions de cette méthode au champ spécifique de la cognition entrepreneuriale.
Comment s’est déroulé le processus de publication ?
J’ai initialement ciblé la Revue Organizational Research Methods (ORM) (R2 CNRS). L’article a passé le premier tour d’évaluation mais il a été rejeté au deuxième tour. J’ai retravaillé l’intégralité de l’article dans l’objectif de le soumettre à nouveau à la même revue. Entre-temps, il y a eu un appel à contribution pour le numéro spécial de Journal of Small Business Management – In search of creative qualitative methods to capture current entrepreneurship research challenges. J’ai pris le temps de retravailler et d’adapter l’article aux attentes de l’appel à contribution. L’article a été accepté après trois tours. La première version retravaillée a été soumise la 03 juin 2020. D’autres propositions de modifications ont été également demandées lors du deuxième et troisième tours d’évaluation. L’article a été accepté le 10 novembre 2020 et il est paru sur le site de la revue le 18 février 2021. L’article a été également présenté le 9 juin 2021 dans d’un Workshop intitulé Creative Qualitative Methods in Entrepreneurship organisé dans le cadre du Pre-Babson College Entrepreneurship.
Où en sont tes recherches aujourd’hui ?
Les thématiques et les problématiques sur lesquelles je travaille actuellement se structurent autour de quatre projets de recherche en lien avec la crise du coronavirus : (1) l’accompagnement psychologique des entrepreneurs face à la crise , (2) le pivotement des modèles d’affaires dans un processus de rebond entrepreneurial post-crise, (3) la dynamique des écosystèmes de soutien en faveur des entrepreneurs en faillite, et (4) les rôles des émotions des entrepreneurs dans leur persistance face à la crise.
Sustaining trust to cross the Valley of Death: A retrospective study of business angels investment and reinvestment decisions
Vincent Lefebvre , Gilles Certhoux , Miruna Radu-Lefebvre
Ecoutez l’échange entre Valérie François et Vincent Lefebvre
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0166497218306199
Technovation,
L’article de Vincent Lefebvre, Gilles Certhoux et Miranda Radu-Lefebvre publié dans Technovation porte sur le rôle des Business Angels (BA) dans cette phase particulière dite de « la Vallée de la mort » propre aux premières années de vie de la start-up, lorsque celle-ci manque de ressources financières (funding gap).
Après avoir rappelé le rôle essentiel joué par les BA dans le financement précoce des start-ups, l’article propose de déployer le concept de confiance non seulement au moment t de l’investissement, mais plus globalement autour de la période qui entoure cet investissement. La confiance, sur laquelle reposerait l’essentiel de la décision d’investissement des BA, est fournie par l’entrepreneur lui- même, son réseau social, et ses capacités communicationnelles. En revanche, les potentiels de croissance du secteur dans lequel évolue la start-up n’interviendrait que dans un second temps et concernerait davantage les investissements par venture capital (VC).
Basée sur une analyse qualitative de deux cas de start-ups dans le domaine des technologies de l’information, l’article parvient à montrer comment et pourquoi la confiance accordée ou non par les BA affectent leur décision d’investissement (investir, réinvestir, ou se retirer). L’approche processuelle adoptée décortique les mécanismes de la confiance du BA, leurs évolutions, leurs transformations au cours de la relation qu’il entretient avec la start-up, notamment entre la phase de recherche et la phase de commercialisation.
L’étude est rétrospective et longitudinale, l’expérience d’un des auteurs en tant qu’ancien BA couplée à l’exploitation massive des documents de travail utilisés par les BA, permettent de reconstituer finement la manière dont la confiance se construit et évolue. Les notions d’honnêteté, d’ouverture d’esprit, et de qualité de jugement viennent compléter d’autres notions déjà mis en avant dans littérature sur la confiance comme les compétences techniques, managériales mais aussi communicationnelles de l’entrepreneur. Enfin, outre la relation dyadique entre le BA et la start-up, l’article souligne l’importance des réseaux de BA et l’effet « boule de neige » de la confiance en leur sein. Ainsi, la confiance d’un BA envers une start-up aura un effet positif sur la décision de réinvestir, mais aussi sur la décision d’investir d’un autre BA ou d’un VC. A l’inverse, si la confiance disparait, l’impact sera négatif sur les décisions d’investissement des autres BA.
Enfin, notons que les auteurs proposent un modèle aux entrepreneurs pour construire et maintenir la confiance avec les BA, condition indispensable pour traverser la Vallée de la mort. Ce modèle ne demande qu’à être testé auprès de populations d’entreprises plus larges et plus diversifiées en termes d’origine géographique ou de secteur d’activité.
Entreprendre, histoire d’une servitude volontaire
Michel Marchesnay, édition EMS 2020
Cet ouvrage, issu de la collection « Les grands auteurs francophones » (Editions EMS ), nous offre une vision riche et revigorante de l’acte d’entreprendre et de son acteur principal : l’entrepreneur. En situant l’entrepreneur dans la grande Histoire ainsi que dans de nombreux débats philosophiques (l’individualisme, le pragmatisme, l’indéterminisme…), la lecture de cet ouvrage redonne du sens au phénomène entrepreneurial en général et aux pratiques de recherche en entrepreneuriat en particulier.
Si le terme entrepreneur se révèle « d’une redoutable complexité », l’ouvrage nous rappelle la longue absence de l’entrepreneur comme objet de recherche en économie. Il retrace les raisons (notamment sociétales, d’individualisation) pour lesquelles il est finalement sorti de l’anonymat au point de devenir un objet de recherche important et convoité, accompagnant ainsi la légitimité croissante de l’entrepreneuriat.
L’ancrage de ce travail dans de nombreuses références philosophiques et sociologiques combinée à une excellente connaissance des organisations (qu’elles soient grandes ou petites, publiques ou privées) fournissent des clés de compréhension de l’économie, des organisations
et plus globalement du fonctionnement de l’humain-entreprenant et de la place de l’homme à la fois agissant et subissant ces transformations.
Les modifications, les ruptures, et « les chamboulements » que l’économie et la société ont connu, sont remis en perspective, et nous permettent de mieux comprendre les trajectoires historique, sociologique, philosophique que la question de l’entrepreneur soulève. L’auteur nous montre, à cet égard, à quel point les grands auteurs (Tocqueville, Say, Cantillon…) étaient visionnaires et à quel point leurs analyses résonnent avec ce que chacun peut expérimenter en tant que chercheur mais plus globalement en tant qu’individu. A titre d’exemple, le chapitre consacré à Richard Cantillon (chapitre 9, p121 à 137), met en avant toute l’actualité de cet auteur notamment dans sa conception de qui est l’entrepreneur (celui qui accepte le risque lié à l’incertitude sur le prix et les quantités tant du côté producteur que consommateur), et la manière dont cette conception a finalement innervé la nécessaire approche pragmatique de l’entrepreneuriat.
Ainsi, Michel Marchesnay démontre en quoi l’approche pragmatique remet au centre la figure de l’entrepreneur -et plus globalement la petite entreprise- et s’est imposée à l’analyse économique en raison notamment de la remise en cause de la grande entreprise, symbole du capitalisme à bout de souffle. Pourtant, la question de la légitimité de l’entrepreneur et de la PME reste très présente tout au long de l’ouvrage, et ce questionnement se poursuit aujourd’hui lorsque Michel Marchenay rappelle le tiraillement et le procès en légitimité porté par l’esprit d’entreprise (p.82) : « Dans cette période critique, voire de rupture du système capitaliste, la question du rôle attribué respectivement à l’esprit d’entreprise et au respect des Biens communs constitue donc un enjeu crucial. »
En replaçant tout au long de l’ouvrage le rôle de l’entrepreneur et de la petite entreprise dans les mouvements qui travaillent la société et les forces en présence dans l’économie depuis la première révolution industrielle, Michel Marchesnay nous livre un double message très lucide. Premièrement, et malgré les nombreuses avancées, la recherche en entrepreneuriat est loin d’avoir cernée toutes les dimensions de ce phénomène. Deuxièmement, en raison de la prégnance de l’humain dans l’acte d’entreprendre, celui-ci doit s’analyser sous de multiples
facettes qui privilégient les perceptions et les interprétations subjectives. Comment faire entendre cette voix (voie ?) face aux canons quantitatifs de plus en plus exigés dans les publications internationales ?
Lecture indispensable à tout chercheur en entrepreneuriat.
Valérie François, pour le comité de lecture et de valorisation de l’AEI
Les faces cachées de l’entrepreneuriat, codirigé par Olivier Torrès et Éric Fimbel – avec une couverture saisissante proposée par le photographe d’art Jean Lecourieux-Bory. Publié en 2020 aux éditions EMS.
Cet ouvrage nous invite à poser un regard nouveau sur l’entrepreneur. Les chapitres, rédigés dans un langage accessible, présentent 14 thèmes et exposent des problématiques entrepreneuriales actuelles, comme la transformation digitale ou l’entrepreneuriat féminin. La pluralité du phénomène entrepreneurial est ici considérée. Les contributeurs, avec un trait de plume percutant, présentent sous un nouveau jour de nombreux défis rencontrés par les entrepreneurs – allant de la précarité à la résilience. Si les auteurs proposent des solutions pratiques, ils suggèrent finalement que le périmètre de l’entrepreneuriat est toujours en mouvement, ce qui justifie d’autant plus le point central de cet ouvrage : le récit de problématiques entrepreneuriales par des enseignants-chercheurs et à destination d’un large public.
Liberté, diversité et rigueur. Voilà les maitres-mots de cet ouvrage. Liberté car les contributeurs abordent les sujets librement, sans faux-fuyant. Diversité car les thématiques sont plurielles. Rigueur car la probité scientifique est respectée et les méthodologies sont variées. Les auteurs nous invitent alors à appréhender l’entrepreneuriat comme un acte enthousiasmant pouvant être mené tant par un artiste que par des ouvriers. Si cet acte implique rapidement des réflexions sur la croissance, il peut également être salutaire et libérer un individu de conditions sociales aliénantes. Toutefois, si l’aventure entrepreneuriale peut être libératrice, elle comporte des risques. L’entrepreneur peut échouer et devra se donner les moyens de rebondir, peut-être avec le soutien de croyances religieuses. Ce rebond peut alors ouvrir la voie à une réussite globale. Mais que faire lorsque l’entrepreneur disparait brutalement ?
Tous ces sujets et bien d’autres sont développés sous la plume de 23 contributeurs. Olivier Torrès et Éric Fimbel, qui codirigent cet ouvrage, nous invitent à une immersion dans la vie de l’entrepreneur, en partageant la pluralité des trajectoires ainsi que les clés de la réussite. Si vous êtes étudiant, enseignant-chercheur, entrepreneur, ou simplement intéressé par l’entrepreneuriat, ce livre constituera à la fois un solide recueil théorique et un guide pratique.
Dorian Boumedjaoud pour l’équipe Valorisation
How do SMEs use support services during their internationalisation process: A comparative study of French traditional SMEs and INVs in Asia
Nathalie Belhoste, Rachel Bocquet, Véronique Favre-Bonté and Frédéric Bally
International Small Business Journal: Researching Entrepreneurship, 2019, Vol. 37(8) 804–830L’article porte sur la comparaison entre les PME ayant adopté un mode dit « traditionnel » d’internationalisation et celles dites « précoces » dans le cas spécifique de l’entrée sur un marché asiatique. Il met au centre de l’analyse les organismes d’aide et d’accompagnement, considérés ici comme une ressource clé pour les entreprises en phase d’internationalisation. Comment les PME s’appuient sur ces organismes, quand et comment font-elles pour s’en saisir ? Si les précédentes recherches portent essentiellement sur les organismes publics d’aide à l’internationalisation ou encore sur le rôle informel joué par les réseaux dans lesquels sont insérées les PME, elles considèrent rarement le rôle joué par les organismes privés œuvrant dans ce domaine. Or, le recours aux unes ou aux autres n’ont pas les mêmes ressorts et n’interviennent pas au même moment dans le processus d’internationalisation. Ainsi, l’article contribue de manière significative à alimenter le débat sur le rôle des structures d’aide à l’internationalisation et propose à cet égard un tableau intéressant récapitulant les recherches portant sur les services d’aide à l’internationalisation qu’ils soient publics ou privés (p.809).
Le design de recherche choisi (méthode des cas) est particulièrement approprié et constitue un réel apport pour comprendre le processus d’internationalisation qui par nature évolue dans le temps. Il mobilise une étude qualitative portant sur 32 cas de PME de la région Auvergne-Rhône –Alpes entrées sur le marché asiatique.
La recherche présente plusieurs résultats. Premièrement, le recours aux organismes d’aide. Avant 2001, les PME n’avaient que peu de choix car le nombre d’organismes d’accompagnement était relativement faible. Depuis 2001, leur nombre s’est considérablement accru au point que l’offre apparait désormais pléthorique voir confuse aux yeux des entrepreneurs. Aujourd’hui, les entrepreneurs recourent en moyenne à plus de 6 structures d’aide, en se centrant essentiellement sur un petit groupe d’entre elles qu’elles soient publiques (CCI, Coface…) ou privées (banques, conseillers juridiques). Ces dernières années, les comportements des PME tendent à se rapprocher. Si les PME « précoces » recouraient peu aux organismes d’aide, elles tendent aujourd’hui à le faire de la même façon que les PME « traditionnelles ».
Deuxièmement, le moment de mobilisation des organismes d’aide. Les PME « traditionnelles » utilisent beaucoup les aident publiques, notamment au démarrage de leur internationalisation. Ensuite, elles se tournent davantage vers les organisations privées qui leur paraissent plus réactives et mieux à même de répondre à la spécificité de leurs besoins. A l’inverse, les PME « précoces » s’appuient davantage sur les organismes d’aide lors de l’intensification de leur internationalisation, et avec l’aide des organismes publics car ils sont le plus souvent gratuits ou peu couteux. Notons également que les entreprises « traditionnelles » perçoivent davantage de barrières avant d’entrer sur un marché asiatique, alors que les entreprises « précoces » affrontent les problèmes une fois sur place (barrières légales notamment). Les organismes d’aide jouent donc un rôle différent pour les unes et pour les autres.
Troisièmement, le lien entre organismes d’aide et réseaux. Les réseaux informels dans lesquels sont insérées les PME jouent le plus souvent un rôle de conseil préalable à la décision d’entrer sur un marché étranger, notamment avant de s’adjoindre les conseils des organismes d’aides. C’est en particulier le cas pour les PME « traditionnelles » lorsqu’elles ont l’intention d’entrer sur un marché Asiatique. Pour les PME « précoces », les réseaux se construisent au cours de leur processus d’internationalisation et viennent en complément des services rendus par les organismes d’aide.
Outre les compléments importants apportés à la littérature sur l’internationalisation des PME, notamment sur le processus et le rôle de l’accompagnement, l’article propose également des résultats pratiques, utiles pour les entrepreneurs. Ainsi, il illustre l’entrée sur les marchés asiatiques, considérés comme très attractifs mais aussi source d’opacité et de déconvenue. Ainsi le tableau 4 reprend un certain nombre de verbatim illustrant des situations concrètes vécues par les entrepreneurs en fonction du profil de leur entreprise (traditionnelle ou précoce) et du stade de leur internationalisation. Si ces témoignages sont indispensables à la validation scientifique, ils peuvent aussi servir d’exemple aux entrepreneurs ou être mobilisés dans le cadre d’un cours de management international.
Entretien avec Véronique Favre-Bonté, Professeure des Universités, IAE Savoie Mont Blanc
Dans quel cadre a été réalisée la recherche ?
La recherche s’inscrit au départ dans un projet Interreg. Mon laboratoire, l’IREGE (Institut de Recherche en Gestion et Economie), a une longue tradition de travail avec l’éco-système local et le montage de projets de recherche financés type ANR, Interreg ou même de gré à gré avec les entreprises locales. Cette recherche a été menée en partenariat avec Grenoble Ecole de Management (GEM), Haute école d’ingénierie et de Gestion de Vaud, Haute école de Gestion – Genève et le Cabinet Export’ease, avec un focus sur l’Asie, et a obtenu un financement pour l’ensemble des partenaires de plusieurs centaines de milliers d’euros. Nous travaillons également, régulièrement, avec Auvergne Rhône Alpes Entreprises et son réseau d’entreprises. En contrepartie, nous organisons des workshops de vulgarisation pour restituer nos résultats de recherche auprès d’un public de PME.
Comment s’est déroulé le process de publication ?
L’article a été présenté à EURAM Conference où nous avons reçu des commentaires utiles des évaluateurs. Nous avions initialement ciblé la revue Journal of International Business Studies (R2 CNRS), mais l’article a été rejeté (desk reject) entre autres sur des points méthodologiques liés à la mobilisation d’une méthode qualitative mais aussi à cause d’une contribution théorique pas assez mise en avant. Ensuite, l’article a passé 3 tours avant d’être accepté dans International Small Business Journal (R2 CNRS). Avant d’envoyer à cette nouvelle revue, nous avions pris le temps de réécrire et de renforcer l’article. A la suite du premier tour, nous avons clarifié le cadre théorique en le reliant aux conversations scientifiques actuelles, clarifié nos analyses et les résultats. Entre le 2ème et le 3ème tour, il fallait toujours convaincre les évaluateurs en améliorant la discussion, en ancrant mieux notre contribution et en précisant les implications managériales. C’est très compliqué de convaincre de la validité de la recherche lorsque l’on adopte un design de recherche basé sur des méthodes qualitatives. La subjectivité des résultats nous est souvent opposée. Le protocole doit souvent être retravaillé en cherchant des articles supplémentaires pour attester de la rigueur des résultats trouvés. Une bonne dizaine de pages est souvent nécessaire pour convaincre.
Où en sont tes recherches aujourd’hui ?
Nous sommes quelques un dans le laboratoire à travailler sur la question de l’international et des PME ; aujourd’hui l’internationalisation des jeunes entreprises constitue le cœur de mes recherches. Une thèse est d’ailleurs en cours pour mieux comprendre les antécédents du processus d’internationalisation des Entreprises à Internationalisation Rapide et Précoce (EIRP), en s’intéressant plus particulièrement au rôle de la diversité dans ce processus d’internationalisation rapide. Une autre thèse devrait débuter autour de la thématique des EIRP à la rentrée prochaine.
Propos recueillis par Valérie François le 10 mars 2020
Small business owners and health
Olivier Torrès & Roy Thurik
Small Business Economics (2019) 53:311 – 321
https://doi.org/10.1007/s11187-018-0064-y
L’article introduit le numéro spécial de la revue Small Business Economics consacré au thème de la santé et du dirigeant de PME, propriétaire de son entreprise. Il fait un inventaire de ce champ de recherche relativement nouveau en entrepreneuriat. Cette thématique est portée notamment par une équipe de chercheurs français de l’université de Montpellier et de Montpellier Business School (l’Observatoire Amarok). Elle s’élargit aujourd’hui à d’autres chercheurs dans le monde comme en témoigne ce numéro spécial.
Après avoir rappelé que les plus grandes entreprises survivent à la disparition de leur dirigeant (ex : Steve Job pour Apple), les auteurs soulignent que la donne n’est pas la même pour les PME. Ainsi, une étude norvégienne (Becker et Hvide, 2013) montre que 20 % des PME font faillite suite à la disparition de leur dirigeant. L’idée défendue dans cet article est que le capital santé du dirigeant est le capital immatériel le plus important de la petite entreprise (Torrès, 2012). Plus l’entreprise est petite, plus elle est vulnérable aux problèmes de santé physique ou mental de son dirigeant. Et pourtant, comme le rappelle de manière certes provocante mais néanmoins marquante Olivier Torres, la santé de la baleine bleue a fait l’objet de bien plus d’études que celle du dirigeant de PME.
Comment expliquer cette situation ? Les auteurs avancent deux explications. La première est historique. Les études sur la grande entreprise ont longtemps dominé la recherche en économie et en gestion. Dans ce contexte, les questions de santé au travail sont le plus souvent réservées aux plus vulnérables (ouvriers, femmes…). Pourtant, le rôle de plus en plus prépondérant de la petite entreprise pour le développement économique remet au centre la question de son dirigeant et donc de sa santé. La seconde relève de l’imaginaire collectif et de la vision schumpetérienne de l’entrepreneur. Cette vision selon laquelle l’entrepreneur est « un héros » ne laisse place ni à la souffrance, ni à aucune autre forme de faiblesse. Les auteurs rappellent que ce n’est pourtant pas la réalité et qu’il est nécessaire de revenir à la situation du dirigeant et en particulier à ses problèmes de santé. Pourquoi ? Tout d’abord, les problématiques que l’on trouve traditionnellement sur la santé au travail ne s’appliquent que très rarement à l’entrepreneur. Ensuite, il est difficile de transposer les recherches faites sur la santé des salariés en raison de l’indépendance, la satisfaction et l’identification à l’entreprise qui ne sont pas identiques dans le cas des entrepreneurs.
S’il est possible de trouver, pour chaque profession, des facteurs pathogènes (ayant une incidence négative sur la santé) et salutogènes (ayant une incidence positive sur la santé), certains peuvent être plus marqués chez les entrepreneurs. Les auteurs rappellent les résultats des recherches déjà existantes sur la question. Concernant les conséquences négatives, les recherches font apparaitre le stress, la surcharge de travail, et l’incertitude comme les principaux facteurs agissant de manière négative sur la santé de l’entrepreneur. Sur les impacts positifs, les recherches montrent que la satisfaction au travail, et dans une moindre mesure la satisfaction dans la vie, sont supérieures chez les entrepreneurs. Soulignons le rôle croissant des travaux menés sur le capital psychologique. On retrouve autour de ce concept les notions d’optimisme, d’auto-efficacité, d’espoir et de résilience.
Ce numéro spécial, composé de 5 articles, porte en grande partie sur les antécédents et les conséquences des effets pathogènes sur l’entrepreneur. Les recherches s’appuient le plus souvent sur des comparaisons avec d’autres statuts professionnels comme les salariés. Enfin, parmi les questions soulevées par l’agenda de recherche, on trouve la nécessité d’avoir une vision temporelle des facteurs pathogènes et salutogènes afin de mieux comprendre comment ils se manifestent à des moments différents de la vie de l’entrepreneur. La question du sommeil et de son corollaire, la fatigue, ou encore la question des arrêts de travail et du temps du retour à l’emploi, figurent eux aussi à cet agenda. Si globalement les recherches portent davantage sur les aspects pathogènes, et ce numéro spécial ne déroge pas à la règle, il est important de s’engager sur les facteurs dit salutogènes qui sont, à ce jour, encore sous investis.
Entretien avec les auteurs :
Propos recueillis auprès d’Olivier Torrès
Comment est né ce numéro spécial ?
C’est l’aboutissement d’un processus long, de plus de 10 ans de travail sur la thématique de la santé du dirigeant de PME que nous portons au sein de notre observatoire AMAROK dont nous mettons tout en œuvre pour qu’il soit prochainement reconnu d’intérêt général. Nous sommes partis du constat que le chef d’entreprise est la ressource centrale de la PME et que son capital santé est son premier capital immatériel. Or, étrangement, il n’y avait rien sur le sujet. Cet observatoire comporte donc deux volets : un volet scientifique et un volet sociétal. En 2012, un ouvrage sur la santé du dirigeant est paru, qui a ensuite été réédité en 2017. Par ailleurs, sur cette période j’ai encadré 8 thèses sur le sujet.
Quelles ont été les démarches entreprises pour lancer le numéro spécial de SBE ?
Grâce au réseau de Roy Thurik, nous avons eu l’opportunité de contacter les rédacteurs en chef de la revue Small Business Economics. C’était en 2015. Nous leur avons proposé d’organiser un workshop sur la question de la santé des dirigeants de PME. Celui-ci s’est tenu en 2016 à Montpellier. Ils ont observé de près le déroulement et l’intérêt que suscitait cette thématique dans la communauté scientifique. A la suite de ce workshop, nous avons donc envisagé le numéro spécial.
Quelle est la position de la recherche française sur cette thématique ?
Dans le monde, la plupart des recherches sur la question sont disséminées. Il n’y a pas à proprement parler d’équipe dédiée à cette question. A ma connaissance, nous sommes les seuls à Montpellier. Cet avantage pionnier a permis à Amarok de se développer avec des antennes en Suisse, au Japon et en Hollande et nous souhaitons poursuivre ce développement international.
Quelles sont aujourd’hui les perspectives de cette thématique ?
Notre recherche est ancrée dans des problématiques concrètes et sociétales. La recherche légitime ce que nous faisons sur le plan pratique. Avec AMAROK Assistance par exemple, nous avons lancé un numéro vert pour les chefs d’entreprise en difficulté. Au-delà de la recherche, cette thématique a montré qu’elle était porteuse de vraies questions sociétales. Plus de 300 articles de presses ont été publiés sur la question et sur ce que nous faisons avec AMAROK, sans compter les émissions télé et radio. Nous sommes aussi soutenus par des grands groupes (AG2R- La Mondiale, Harmonie Mutuelle, Garance, MMA, Malakoff Médéric…). L’Observatoire a été auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat (Sénateurs Pascale Gruny et Stéphane Artano) dont le rapport du 3 octobre 2019 préconise d’intégrer les chefs d’entreprise dans l’effectif suivi des services de santé au travail, sans majoration de cotisation.
Quels est votre résultat de recherche le plus remarquable ?
Aujourd’hui, d’innombrables travaux ont démontré que l’on ne gère pas une PME comme une grande entreprise et surtout que la PME a des problématiques qui lui sont spécifiques, la santé de son dirigeant en est la preuve. Or la recherche reste encore très largement dominée par les modèles relevant de la grande entreprise (Fordisme, Toyotisme, Uberisation, GAFA…). Il faut donc continuer à promouvoir la recherche sur la PME. Sur le plan plus spécifique de la santé du dirigeant, il faut travailler davantage sur les facteurs dit «salutogènes », c’est-à-dire ceux qui génèrent de «la bonne santé » car les facteurs négatifs ont tendance à dominer la question. Or, nos recherches tendent à montrer qu’entreprendre peut être bon pour la santé. L’existence d’une salutogenèse entrepreneuriale est un résultat très enthousiasmant et inattendu car notre point de départ était l’étude de la souffrance patronale. En fait, en l’état actuel de nos résultats, on peut résumer nos résultats de la manière suivante : entreprendre est bon pour la santé mais c’est une santé plus risquée (des hauts très hauts et des bas très bas). Les entrepreneurs jouent avec leur santé et parfois se jouent de leur santé. Ils sont souvent dans l’excés. D’où l’importance de prévoir des filets de sécurité (prévention suicide, prévention burnout, incitation au Rebond…) en faveur des entrepreneurs. C’est pour cela qu’Amarok est à la fois scientifique (connaître pour agir) et sociétal (agir en toute connaissance).
Entretien réalisé le 26 novembre 2019 par Valérie François
Effectiveness of Export Support Programs: Impact on the Relational Capital and International Performance of Early Internationalizing Small Businesses
Alexis Catanzaro, Karim Messeghem, et Sylvie Sammut
Journal of Small Business Management 2018 https://doi.org/10.1111/jsbm.12489
L’article d’Alexis Catanzaro, Karim Messeghem, et Sylvie Sammut a pour objectif de connaitre les impacts des politiques de supports à l’exportation pour les nouvelles entreprises que ces dernières soient considérées comme « born global » ou intéressées par une internationalisation rapide. Ces jeunes entreprises se distinguent d’autres entreprises bénéficiant de programmes de soutien à l’export parce qu’elles décident très tôt de s’internationaliser.
Dans la lignée des recherches précédentes sur le sujet, les auteurs s’appuient sur la Resource Based View (RBV) pour bâtir leur cadre d’analyse. Pour cerner l’impact de ces dispositifs de supports à l’internationalisation, les auteurs adoptent un parti pris innovant. Ils choisissent d’étudier non seulement les ressources fournies par ces programmes mais aussi le capital relationnel international qui lui est associé. Le capital relationnel international est défini comme une combinaison de respect, de réciprocité, et d’investissements que l’entreprise acquière auprès de ses partenaires internationaux. S’il apporte de la valeur à l’entreprise, alors ce capital relationnel sera considéré comme une ressource stratégique.
L’enquête par questionnaire a été réalisée à partir d’octobre 2013 et a été diffusée par l’intermédiaire de sept Chambres de commerce et d’industrie et de trois incubateurs. A cet égard, les auteurs soulignent la difficulté de travailler sur les entreprises qui s’internationalisent très tôt (au cours des six premières années) et qui reçoivent des aides à l’internationalisation. Un tel recensement n’existe pas en France.
Sur la base de 145 entreprises, 46 paramètres ont été testés. L’article fournit une description riche du profil des PME qui s’internationalisent rapidement et qui ont reçues des soutiens dans cette démarche. On voit que 57 % des entreprises de l’échantillon sont des TPE, qu’elles démarrent leur internationalisation dès leur création, 50% réalisent moins de 25% de leur chiffre d’affaires à l’export et 40% ont entre 1 et 3 marchés étrangers. La méthode par équation structurelle laisse apparaitre que les aides reçues sous forme d’information (formation, conférences, mise en relation avec les experts, information sur les pays…) augmentent le capital relationnel des entreprises et indirectement leur performance, ce qui n’est pas le cas les aides reçues sous forme de supports opérationnels (accès aux réseaux de clients, de fournisseurs). Ce dernier résultat, qui peut paraitre a priori surprenant, s’expliquerait par le nombre de marchés ciblés par les entreprises de l’échantillon. 60% d’entre elles se développent dans au moins quatre pays alors que les aides reçues en générale ne concernent qu’un ou deux pays. A cela s’ajoute une autre explication. Les entreprises de l’échantillon sont le plus souvent innovantes, ce qui suppose des aides bien spécifiques sur des marchés de niches que les acteurs publics ne connaissent pas forcement. A cet égard, les auteurs rappellent que la collecte d’information s’est faite en 2013, avant que le programme French Tech ne soit lancé. Depuis, les choses changent et les aides semblent davantage prendre en considération les besoins des entreprises innovantes. Quant aux aides financières, elles ont un impact sur le nombre de marchés internationaux visés mais pas sur leurs performances économiques à l’international.
Sur le plan théorique, l’article confirme que les supports et les aides fournies pour l’internationalisation entrent bien dans ce que la RBV nomme les ressources stratégiques. En effet, il montre le cheminement par lequel les entreprises acquièrent ces ressources pour le transformer en capital relationnel. De plus, l’accès à ces ressources, souvent gratuites, sont bien inférieures à ce qu’elles seraient si l’entreprise devaient y accéder par elle-même (sur le marché).
Les auteurs recommandent aux décideurs publics de maintenir les aides proposées aux entreprises dans leur démarche d’internationalisation car l’article confirme que ces aides sont non seulement utiles mais qu’elles accroissent globalement la performance des entreprises qui en bénéficient. Ils proposent néanmoins de mieux les adapter aux demandes en revoyant notamment ce qui est proposé pour l’accès aux différents marchés, la démarche clients et fournisseurs, et la nécessité de mieux prendre en considération les besoins des entreprises innovantes évoluant sur des marchés très spécifiques et demandant donc des connaissances très spécialisées. Cela suppose par exemple de recourir à des réseaux locaux plus spécialisés, et plus en phase avec les réalités locales.
Question aux auteurs
Propos recueillis, pour les auteurs, auprès d’Alexis Catanzaro
L’article est issu du travail de la thèse d’Alexis Catanzaro qui portait sur l’efficacité des aides à l’export, tous types d’entreprises confondues. La thèse teste un modèle plus complet mais les auteurs ont choisi de faire un focus sur les entreprises qui s’internationalisent très tôt. Le parcours de l’article illustre l’opiniâtreté nécessaire pour publier dans ce type de revue internationale (Rang 2 Fnege).
La publication s’est faite après trois tours d’évaluation. La première soumission en juin 2016 a donné lieu à une première évaluation auprès de 3 évaluateurs avec une douzaine de questions chacun. « Après la deuxième évaluation, 2 des évaluateurs semblaient convaincus, mais subsistait néanmoins une question du troisième évaluateur. Nous y avons répondu, puis plus aucune nouvelle de l’article pendant 9 mois. A l’issue de ce temps très long, un troisième tour d’évaluation nous est parvenu : 3 nouveaux évaluateurs avaient été nommés sans que nous n’en connaissions la raison ! ». Les auteurs ont entrepris un nouveau travail conséquent, et apporté de véritables améliorations à leur travail. La quatrième version était la bonne.
Pour publier dans ce type de revue, les auteurs recommandent 1) de s’imprégner des codes de la revue et s’inspirer des articles qui y sont publiés, 2) une grande rigueur méthodologique et donc de la transparence sur les données et le processus de fabrication des résultats, 3) être capable de fournir un vrai apport théorique et 4) répondre de manière détaillée et personnalisée à chacun des évaluateurs. « Notre expérience montre qu’il faut de la patience et de la persévérance. Quels que soient les remarques et le temps, il ne faut pas lâcher et aller jusqu’au bout, même si au troisième tour on a trois nouveaux évaluateurs » dit Alexis Catanzaro.
Rappelons qu’au préalable, cet article avait été soumis à deux conférences au cours desquelles il a reçu à chaque fois le prix de la meilleure communication.