Effectiveness of Export Support Programs: Impact on the Relational Capital and International Performance of Early Internationalizing Small Businesses

Effectiveness of Export Support Programs: Impact on the Relational Capital and International Performance of Early Internationalizing Small Businesses

Alexis Catanzaro, Karim Messeghem, et Sylvie Sammut

Journal of Small Business Management 2018 https://doi.org/10.1111/jsbm.12489

 

L’article d’Alexis Catanzaro, Karim Messeghem, et Sylvie Sammut a pour objectif de connaitre les impacts des politiques de supports à l’exportation pour les nouvelles entreprises que ces dernières soient considérées comme « born global » ou intéressées par une internationalisation rapide. Ces jeunes entreprises se distinguent d’autres entreprises bénéficiant de programmes de soutien à l’export parce qu’elles décident très tôt de s’internationaliser.

Dans la lignée des recherches précédentes sur le sujet, les auteurs s’appuient sur la Resource Based View (RBV) pour bâtir leur cadre d’analyse. Pour cerner l’impact de ces dispositifs de supports à l’internationalisation, les auteurs adoptent un parti pris innovant. Ils choisissent d’étudier non seulement les ressources fournies par ces programmes mais aussi le capital relationnel international qui lui est associé. Le capital relationnel international est défini comme une combinaison de respect, de réciprocité, et d’investissements que l’entreprise acquière auprès de ses partenaires internationaux. S’il apporte de la valeur à l’entreprise, alors ce capital relationnel sera considéré comme une ressource stratégique.

L’enquête par questionnaire a été réalisée à partir d’octobre 2013 et a été diffusée par l’intermédiaire de sept Chambres de commerce et d’industrie et de trois incubateurs. A cet égard, les auteurs soulignent la difficulté de travailler sur les entreprises qui s’internationalisent très tôt (au cours des six premières années) et qui reçoivent des aides à l’internationalisation. Un tel recensement n’existe pas en France.

Sur la base de 145 entreprises, 46 paramètres ont été testés. L’article fournit une description riche du profil des PME qui s’internationalisent rapidement et qui ont reçues des soutiens dans cette démarche. On voit que 57 % des entreprises de l’échantillon sont des TPE, qu’elles démarrent leur internationalisation dès leur création, 50% réalisent moins de 25% de leur chiffre d’affaires à l’export et 40% ont entre 1 et 3 marchés étrangers. La méthode par équation structurelle laisse apparaitre que les aides reçues sous forme d’information (formation, conférences, mise en relation avec les experts, information sur les pays…) augmentent le capital relationnel des entreprises et indirectement leur performance, ce qui n’est pas le cas les aides reçues sous forme de supports opérationnels (accès aux réseaux de clients, de fournisseurs). Ce dernier résultat, qui peut paraitre a priori surprenant, s’expliquerait par le nombre de marchés ciblés par les entreprises de l’échantillon. 60% d’entre elles se développent dans au moins quatre pays alors que les aides reçues en générale ne concernent qu’un ou deux pays. A cela s’ajoute une autre explication. Les entreprises de l’échantillon sont le plus souvent innovantes, ce qui suppose des aides bien spécifiques sur des marchés de niches que les acteurs publics ne connaissent pas forcement. A cet égard, les auteurs rappellent que la collecte d’information s’est faite en 2013, avant que le programme French Tech ne soit lancé. Depuis, les choses changent et les aides semblent davantage prendre en considération les besoins des entreprises innovantes. Quant aux aides financières, elles ont un impact sur le nombre de marchés internationaux visés mais pas sur leurs performances économiques à l’international.

Sur le plan théorique, l’article confirme que les supports et les aides fournies pour l’internationalisation entrent bien dans ce que la RBV nomme les ressources stratégiques. En effet, il montre le cheminement par lequel les entreprises acquièrent ces ressources pour le transformer en capital relationnel. De plus, l’accès à ces ressources, souvent gratuites, sont bien inférieures à ce qu’elles seraient si l’entreprise devaient y accéder par elle-même (sur le marché).

Les auteurs recommandent aux décideurs publics de maintenir les aides proposées aux entreprises dans leur démarche d’internationalisation car l’article confirme que ces aides sont non seulement utiles mais qu’elles accroissent globalement la performance des entreprises qui en bénéficient. Ils proposent néanmoins de mieux les adapter aux demandes en revoyant notamment ce qui est proposé pour l’accès aux différents marchés, la démarche clients et fournisseurs, et la nécessité de mieux prendre en considération les besoins des entreprises innovantes évoluant sur des marchés très spécifiques et demandant donc des connaissances très spécialisées. Cela suppose par exemple de recourir à des réseaux locaux plus spécialisés, et plus en phase avec les réalités locales.

 

Question aux auteurs

Propos recueillis, pour les auteurs, auprès d’Alexis Catanzaro

L’article est issu du travail de la thèse d’Alexis Catanzaro qui portait sur l’efficacité des aides à l’export, tous types d’entreprises confondues. La thèse teste un modèle plus complet mais les auteurs ont choisi de faire un focus sur les entreprises qui s’internationalisent très tôt. Le parcours de l’article illustre l’opiniâtreté nécessaire pour publier dans ce type de revue internationale (Rang 2 Fnege).

La publication s’est faite après trois tours d’évaluation. La première soumission en juin 2016 a donné lieu à une première évaluation auprès de 3 évaluateurs avec une douzaine de questions chacun. « Après la deuxième évaluation, 2 des évaluateurs semblaient convaincus, mais subsistait néanmoins une question du troisième évaluateur. Nous y avons répondu, puis plus aucune nouvelle de l’article pendant 9 mois. A l’issue de ce temps très long, un troisième tour d’évaluation nous est parvenu : 3 nouveaux évaluateurs avaient été nommés sans que nous n’en connaissions la raison ! ». Les auteurs ont entrepris un nouveau travail conséquent, et apporté de véritables améliorations à leur travail. La quatrième version était la bonne.

Pour publier dans ce type de revue, les auteurs recommandent 1) de s’imprégner des codes de la revue et s’inspirer des articles qui y sont publiés, 2) une grande rigueur méthodologique et donc de la transparence sur les données et le processus de fabrication des résultats, 3) être capable de fournir un vrai apport théorique et 4) répondre de manière détaillée et personnalisée à chacun des évaluateurs. « Notre expérience montre qu’il faut de la patience et de la persévérance. Quels que soient les remarques et le temps, il ne faut pas lâcher et aller jusqu’au bout, même si au troisième tour on a trois nouveaux évaluateurs » dit Alexis Catanzaro.

Rappelons qu’au préalable, cet article avait été soumis à deux conférences au cours desquelles il a reçu à chaque fois le prix de la meilleure communication.