Track AEI 2023 « Entrepreneuriat en contexte de pénurie. Quelle application du Resourcefulness ? »

13ème Congrès AEI- Strasbourg 28-30 juin 2023 – Track n° 6

Où en est la réflexion sur le resourcefulness et quel intérêt peut-elle avoir ?

 La littérature en entrepreneuriat a été considérablement enrichie ces dernières années des travaux autour du bricolage et de l’effectuation (An et al., 2020 ; Fischer, 2012 ; Janssen et al., 2018 ; Malsch et Guieu, 2019 ; Schmitt, 2020). Ces deux logiques, loin d’être antagonistes, ont été observées de manière concomitante dans des projets d’entrepreneuriat social (Servantie et Rispal, 2018) ou dans la réponse à des situations critiques (Lima et Nelson, 2016 ; Nelson et Lima, 2020).

Récemment, dans un souci d’intégration et de conceptualisation, Williams et al. (2021) proposent de rassembler les logiques de bricolage et d’effectuation dans un cadre théorique unique autour du resourcefulness.

La littérature scientifique a largement mobilisé le resourcefulness dans le cadre de situations instables ou des contextes de pénurie (Hertel et al., 2021 ; Welter et al., 2018 ; Michaelis et al., 2022). D’autres testent son applicabilité entre frugalité et agilité [Anasse et al., 2020], Quagrainie et al., 2022).

Plus largement, le resourcefulness permet de mieux poser la question centrale de l’entrepreneuriat : comment les entrepreneurs utilisent les ressources pour exploiter les opportunités ? Certes, le resourcefulness s’applique aux situations limitées en ressources, marquées par l’incertitude, la pénurie et la précarité – dans lesquelles on pourrait parler de débrouillardise et de comportement frugal –, mais aussi dans des contextes plus favorables en ressources, où il est possible d’étudier les trois facettes reliées de la définition qu’en donne Williams et al. (2021) : ignorer les limites, utiliser les ressources de manière créative, les déployer pour générer et capturer des sources de valeur nouvelles ou imprévues. Pour cela, il est aujourd’hui pertinent de remobiliser Lévi-Strauss et Penrose, le premier pour le bricolage, qui ne présumait pas de conditions de pénurie et n’abordait pas la notion de ressource, la seconde pour l’idée que la ressource n’a pas de valeur objective, mais que c’est le processus qui transforme l’objet en ressource (Feldman, 2004).

Enfin, dernier enjeu, pour nous francophones. Quelle traduction proposer pour le concept : comportement frugal, ingéniosité, bricolage, débrouillardise ?

Quelles contributions des travaux empiriques et quelles applicabilités pratiques ?

Nous voulons aller au-delà de la thématique à la mode, qui réinvestit les apports et questionnements de l’effectuation et du bricolage, ou du concept novateur. L’idée est en premier lieu d’avancer dans la conceptualisation des ressources limitées en entrepreneuriat, notamment dans des contextes actuels, marqués par l’incertitude, la pénurie et la précarité. En second lieu, l’objectif est de répondre aux questions suivantes : Quelles applications et propositions pratiques peut-il en résulter qui permettent de mener des processus entrepreneuriaux équilibrés et réussis ? Ainsi, la question centrale de l’applicabilité du resourcefullness est posée. Comment transformer, traduire les réflexions conceptuelles sur la frugalité et l’ingéniosité en outils pratiques pour l’entrepreneur et son accompagnement ?

Aussi, les propositions de communications empiriques sont vivement encouragées.