CfP – Revue Entreprendre & Innover – L’Entrepreneuriat au service de la Durabilité : Les nouveaux modèles d’affaires comme leviers d’action pour atteindre ses objectifs sociaux et environnementaux – date limite de soumission -1 novembre 2021
Numéro thématique # 53
L’Entrepreneuriat au service de la Durabilité :
Les nouveaux modèles d’affaires comme leviers d’action pour atteindre ses objectifs sociaux et environnementaux
Éditeurs : Robert Sheldon, Florian Lüdeke-Freund, Sophie Reboud, Xavier Lesage
Appel à Contributions EI #53_Entrepreneuriat pour la Durabilité & Modèles d’Affaires
Call for papers EI #53_Sustainability Entrepreneurship & Business Models
L’objectif de ce numéro spécial est de faire avancer la réflexion sur une forme d’entrepreneuriat de plus en plus courante, dans laquelle de nouvelles entreprises et activités commerciales sont expressément créées afin d’atteindre un objectif environnemental ou social, ou plus largement un objectif de durabilité (Gast et al., 2017 ; Schaltegger & Wagner, 2011 ; Shepherd & Patzelt, 2010). Cette forme d’entrepreneuriat est apparue au cours des deux dernières décennies d’exploration des liens entre entrepreneuriat et durabilité, avec par exemple les concepts d’écopreneuriat, d’entrepreneuriat social, d’entrepreneuriat durable (Dean & McMullen, 2007) et les organisations hybrides (Haigh et al., 2015 ; Santos et al., 2015). Notre objectif est ici de l’identifier en tant que phénomène afin de mieux l’étudier. Nous suggérons la définition suivante comme point de départ de la réflexion :
L’entrepreneuriat pour la durabilité (sustainability entrepreneurship) vise à conserver, restaurer et / ou distribuer de manière plus juste une ressource naturelle ou sociale via la commercialisation de nouveaux produits ou services et par extension via la création d’organisations génératrices de revenus.
Bien qu’il soit facilement identifiable, l’entrepreneuriat pour la durabilité en tant que tel manque de conceptualisation et, par extension, d’opérationnalisation, avec en particulier le détail des modèles d’affaires développés avec cet objectif. Cette absence de clarté rend le transfert des meilleures pratiques difficile pour les entrepreneurs actuels ou potentiels et les managers qui veulent entreprendre dans ce domaine.
En effet, l’innovation de modèles d’affaires (Business Model Innovation) est sans doute au coeur de ce que font les entrepreneurs pour la durabilité et se trouve donc au coeur de cet appel à contributions. Bien que ces entrepreneurs puissent s’efforcer d’atteindre la durabilité dans
l’ensemble de leur Business Model, leur talent réside dans le fait qu’ils sont capables de le concevoir de manière à atteindre précisément l’objectif environnemental ou social qu’ils s’étaient fixé (Lüdeke-Freund & Dembek, 2017 ; Schaltegger et al., 2016 ; Schaltegger et al., 2016). La manière dont ils sélectionnent, sécurisent et développent des ressources et des compétences capables de nourrir le caractère durable de leur modèle d’affaires – nouveau ou renouvelé – est particulièrement intéressante à cet égard (Ballereau & Reboud, 2020). La quête de durabilité peut donc jouer le rôle d’antécédent d’un processus d’innovation de Business Model (Boons & Lüdeke-Freund, 2013 ; Foss & Saebi, 2017, 2018), ce qui peut avoir un impact fort et différenciant sur la manière dont entreprises, les petites en particulier, doivent adapter leurs ressources et compétences (Reboud et al., 2020).
Les exemples d’entrepreneuriat pour la durabilité abondent : Earthwatch vise à faire progresser la recherche dans le domaine des sciences de la vie en vendant des forfaits vacances aux personnes qui souhaitent faire du bénévolat pour des missions de recherche ; la société de bière, Trappist Westvletern, est dirigée par, et soutient, un ordre de moines trappistes ; les peintures Algo et les chaussures Veja tirent parti de leurs chaînes d’approvisionnement pour atteindre leurs objectifs non pécuniaires… D’autres le font en vendant des produits et services qui, lorsqu’ils sont utilisés, atteignent l’objectif souhaité. Blueland, Tesla ou Blabla Car entrent dans cette catégorie. Dans tous les cas, l’objectif non pécuniaire est spécifique et constitue un pilier de la raison d’être de l’entreprise.
L’objectif de ce numéro spécial est, premièrement, de développer la notion d’entrepreneuriat pour la durabilité d’un point de vue à la fois théorique et empirique et, deuxièmement, d’en savoir plus sur la manière dont ces entrepreneurs conçoivent et exploitent les modèles d’affaires pour atteindre leurs objectifs environnementaux et sociaux.
Un objectif environnemental peut être atteint en créant une entreprise afin de s’approvisionner ou de produire de manière à contribuer positivement au système climatique mondial, ou d’aider à conserver ou à restaurer un écosystème ou une espèce spécifique (souvent appelé écopreneuriat). Un objectif social peut impliquer la création d’une entreprise afin de soutenir un groupe de parties prenantes spécifique, par exemple en s’approvisionnant auprès d’artisans spécialisés dont le métier est en train de disparaître, ou pour préserver quelque chose d’importance sociale et culturelle (cela serait généralement appelé entreprise sociale ou entrepreneuriat social).
Ces entreprises sont créées par des individus passionnés qui auraient pu choisir d’atteindre leur objectif par des moyens non commerciaux, comme par la création d’une fondation, d’une organisation à but non lucratif ou non gouvernementale (ONG). Beaucoup de ces personnes utilisent des modèles d’affaires nouveaux ou adaptés et des logiques d’affaires diverses et hybrides (Laasch, 2018, 2019) pour atteindre leurs objectifs de développement durable.
Les formes ou les configurations que prennent ces modèles d’affaires, leurs origines et leurs effets, positifs et négatifs, voulus ou non, constituent des domaines clés d’exploration. Parmi ces domaines, le processus d’innovation est particulièrement prometteur, c’est-à-dire la manière dont les entrepreneurs de la durabilité créent, fournissent et capturent de la valeur en innovant dans leurs chaînes d’approvisionnement, leurs processus de production, leurs produits et leurs services. Qu’y a-t-il de différent dans les modèles économiques lorsque les acteurs en question cherchent non seulement à appliquer leurs idées commercialement, mais à le faire d’une manière qui leur permette d’atteindre un objectif non lucratif ? Comment la dualité apparemment complexe de l’action entrepreneuriale dans ce contexte affecte-t-elle la forme et les composantes des modèles d’affaires (Lüdeke-Freund et al., 2018) ?
Ces questions et d’autres – voir ci-dessous pour une liste non exhaustive – peuvent être explorées par les contributeurs potentiels à ce numéro spécial.
Nous invitons les articles complets à respecter les consignes de soumission de la Revue Entreprendre & Innover. Les contributions qui traitent des domaines suivants sont les bienvenues :
- Premièrement, des contributions qui développent la notion d’entrepreneuriat pour la durabilité en tant que telle (telle que définie ci-dessus) d’un point de vue théorique et empirique.
- Deuxièmement, des contributions qui se concentrent sur les phénomènes liés aux modèles d’affaires dans le cadre de l’entrepreneuriat pour la durabilité. Ces contributions s’appuient sur et étendent la théorie du modèle d’affaires de manière à nous aider à mieux comprendre et expliquer comment les entrepreneurs développent, mettent en oeuvre et révisent leurs modèles d’affaires au service de la durabilité.
Liste des sujets invités supplémentaires :
- Formes d’entreprises de développement durable
- Processus menant à la création de telles entreprises
- Intention entrepreneuriale et entrepreneuriat pour la durabilité
- Tensions et paradoxes inhérents à l’entrepreneuriat pour la durabilité
- Cadres conceptuels de l’entrepreneuriat pour la durabilité (par exemple, cadres de classification de modèles d’entreprise)
- Méthodes, outils et cadres pour évaluer l’impact et la création de valeur écologique et sociale de l’entrepreneuriat pour la durabilité
- Preuve empirique des impacts réels sur la durabilité (y compris études de cas, analyses statistiques, etc.)
- Méthodes et outils pour développer et gérer les organisations d’entrepreneuriat pour la durabilité, y compris les startups, les entreprises entrepreneuriales et l’intrapreneuriat
- Meilleures pratiques de formation à l’entrepreneuriat pour la durabilité dans des contextes académiques et d’affaires.
Les dates principales à retenir sont :
- 1/11/2021 : Soumission des textes originaux
- 1/01/2022 : Retour vers les auteurs
- 1/09/2022 : Date limite d’envoi des textes révisés
- 1/12/2022 : Publication du numéro
Références
Ballereau, V., & Reboud, S. (2020). Quand la durabilité change les priorités stratégiques des entrepreneurs et des dirigeants de PME. Entreprendre & Innover, 45(2), 33-41.
Boons, F., & Lüdeke-Freund, F. (2013). Business models for sustainable innovation: state-of-the-art and steps towards a research agenda. Journal of Cleaner production, 45, 9-19.
Dean, T. J., & McMullen, J. S. (2007). Toward a theory of sustainable entrepreneurship: Reducing environmental degradation through entrepreneurial action. Journal of business venturing, 22(1), 50-76.
Foss, N. J., & Saebi, T. (2017). Fifteen Years of Research on Business Model Innovation: How Far Have We Come, and Where Should We Go? Journal of Management, 43(1), 200-227.
Foss, N. J., & Saebi, T. (2018). Business models and business model innovation: Between wicked and paradigmatic problems. Long Range Planning, 51(1), 9-21.
Gast, J., Gundolf, K., & Cesinger, B. (2017). Doing business in a green way: a systematic review of the ecological sustainability entrepreneurship literature and future research directions. Journal of Cleaner Production, 147, 44-56.
Haigh, N., Walker, J., Bacq, S., & Kickul, J. (2015). Hybrid organizations: origins, strategies, impacts, and implications. California Management Review, 57(3), 5-12.
Laasch, O. (2018). Beyond the purely commercial business model: Organizational value logics and the heterogeneity of sustainability business models. Long Range Planning, 51(1), 158-183.
Laasch, O. (2019). An actor-network perspective on business models: How ‘Being Responsible’ led to incremental but pervasive change. Long Range Planning, 52(3), 406-426.
Lüdeke-Freund, F., & Dembek, K. (2017). Sustainable business model research and practice: Emerging field or passing fancy?. Journal of Cleaner Production, 168, 1668-1678.
Lüdeke-Freund, F., Carroux, S., Joyce, A., Massa, L., & Breuer, H. (2018). The sustainable business model pattern taxonomy—45 patterns to support sustainability-oriented business model innovation. Sustainable Production and Consumption, 15, 145-162.
Reboud, S. Lequin, S., & Tanguy, C. (2020). Digitalisation des PME de l’agroalimentaire: vers une évolution des modèles d’affaires et des processus d’innovation. Innovations, 119-51.
Santos, F., Pache, A. C., & Birkholz, C. (2015). Making hybrids work: Aligning business models and organizational design for social enterprises. California Management Review, 57(3), 36-58.
Schaltegger, S., & Wagner, M. (2011). Sustainable entrepreneurship and sustainability innovation: categories and interactions. Business strategy and the environment, 20(4), 222-237.
Schaltegger, S., Hansen, E. G., & Lüdeke-Freund, F. (2016). Business models for sustainability: Origins, present research, and future avenues. Organization & Environment, 29(1), 3-10.
Schaltegger, S., Lüdeke-Freund, F., & Hansen, E. G. (2016). Business models for sustainability: A co-evolutionary analysis of sustainable entrepreneurship, innovation, and transformation. Organization & Environment, 29(3), 264-289.
Shepherd, D. A., & Patzelt, H. (2011). The new field of sustainable entrepreneurship: Studying entrepreneurial action linking “what is to be sustained” with “what is to be developed”. Entrepreneurship theory and practice, 35(1), 137-163.
Ligne éditoriale
La revue Entreprendre et Innover est une revue de vulgarisation de haut niveau dans le domaine de l’entrepreneuriat et de l’innovation éditée par DeBoeck Université. Son ambition est de mettre à la portée d’un lectorat de cadres, entrepreneurs, professionnels des réseaux de création d’entreprises et dirigeants d’entreprises, des articles originaux, solides sur le plan scientifique
ou innovants sur le plan des idées exprimées. La revue est ouverte à TOUTES les disciplines et à TOUS les points de vue qui s’intéressent à l’entrepreneuriat et à l’innovation.
Dans la mesure où cette revue s’adresse en priorité à des praticiens, nous restons attentifs à ce que les contributions aient une préoccupation d’applications pratiques, d’implications entrepreneuriales et/ou de recommandations en matière politique. Dans cet esprit, les contributions devront :
– avoir une section faisant explicitement référence à ces préoccupations : le lecteur doit toujours pouvoir se dire en fin de lecture : et alors ? en quoi cet article m’aide à agir ou à mieux réfléchir pour mon action future ?
– adopter un langage plus concret et opérationnel qu’il n’est d’usage dans les revues académiques : la théorie ne doit pas être absente mais vulgarisée, c’est-à-dire traduite en termes simples. Les concepts abstraits doivent être explicités et/ou illustrés par des exemples pratiques.
– ne pas accumuler les références scientifiques : le but est de choisir quelques auteurs de référence utiles pour comprendre le propos, non de montrer l’exhaustivité de la littérature académique sur le sujet. Les références scientifiques doivent être exclusivement citées grâce aux notes de bas de page.
Le détail des consignes aux auteurs est disponible sur le site de la revue dans la rubrique « Comment contribuer ». Il est impératif de les respecter lorsque vous envoyez votre soumission.
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