Avec moins de 10% de femmes à l’origine d’une reprise d’entreprise (Cédants et Repreneurs d’Affaires, 2024), cette force économique et sociale reste encore sous-représentée dans le paysage (ent)repreneurial français et sous-exploitée par la communauté scientifique. La reprise d’entreprise semble, en effet, reproduire, voire amplifier les inégalités observées dans l’entrepreneuriat féminin. En France comme ailleurs, les TPE/PME constituent pourtant un terreau fertile pour favoriser le repreneuriat féminin même dans des secteurs traditionnellement masculins. Par conséquence, renforcer les synergies entre les praticiens et chercheurs pour réfléchir et échanger sur les enjeux (sociétaux, économiques, culturels, etc.) portés par les femmes devrait élargir les possibilités en matière de repreneuriat, alors même que la crainte de manquer de repreneurs dans les années à venir est régulièrement avancée.
Thèmes et questions à aborder
Pour ce numéro spécial, nous invitons donc les chercheurs et praticiens à poursuivre les réflexions en soumettant des contributions tant académiques qu’issues de la pratique portant notamment sur la variété de thèmes suivants :
● La vision et les représentations sur le genre dans le champ du repreneuriat ;
● L’analyse des caractéristiques propres à la reprise d’entreprise au féminin : quels
sont les profils des femmes repreneuses : caractéristiques socio-démographiques,
caractéristiques psychologiques, formation, expérience ? Développent-elles des
motivations spécifiques ? Quels sont les profils des entreprises rachetées (ou acceptées
en héritage) par les femmes (secteurs d’activité, effectifs, zone géographique) ?
● La singularité des parcours féminins : quelles avancées des connaissances au sujet
des parcours féminins (sur le plan personnel, professionnel, familial…) en amont de la
reprise d’entreprise et au cours du processus repreneurial ?
● Les facteurs potentiellement explicatifs de la concrétisation ou non concrétisation
par les femmes de leurs projets repreneuriaux, par exemple du côté de l’accès au
financement ;
● L’influence de l’accompagnement : existe-t-il une cohérence entre l’offre proposée
aux femmes pour les soutenir dans la reprise et leurs besoins et attentes (ante et/ou post
reprise) ? Les outils d’accompagnement sont-ils adaptés pour permettre à ces femmes
engagées dans un processus de reprise d’entreprise de voir aboutir leur projet ?
● L’absence de « modèle de rôle » : les femmes sont-elles éduquées par des modèles
(ent)repreneuriaux, qui facilitent l’identification ? Existe-il des modèles de femmes à la
tête d’entreprises reprises, qui peuvent servir de catalyseur de préjugé culturel ?
Participent-elles à des réseaux d’affaires dédiés ? Quelle est la contribution des réseaux
sociaux ?
● Le contexte familial : le conjoint a-t-il un rôle clé, pour quel(s) soutien(s) et sous
quelle(s) condition(s) ? Existe-t-il un cercle proche sur lequel les femmes peuvent
s’appuyer ? Parviennent-elles à équilibrer leurs vies privées et professionnelles (à
l’exemple du phénomène du Mampreneuriat3) ?
● Le volet émotionnel : les émotions ressenties, exprimées ou au contraire étouffées,
refoulées peuvent-elles entrainer chez les femmes des considérations spécifiques ?
● La légitimité des femmes engagées dans une reprise : comment asseoir leur
crédibilité pour développer, voire réinventer des métiers qui pourraient nécessiter des
fortes mutations ? Comment affirmer leur identité de dirigeante (loin du syndrome de
l’imposteur) pour embarquer l’équipe en place ? Quels styles de gestion pratiquent-elles
au quotidien ? Ces nouveaux leaders au féminin possèdent-ils un côté caché ?
● Les tendances : Quel est l’impact de la décarbonation4 ou de l’intelligence artificielle
sur la reprise d’entreprise par les femmes ?
● La dimension culturelle : quelles sont les raisons des différences de réussite sur le plan
repreneurial, selon le genre, dans des contextes particuliers (sociétés de transition ou
autres) ? Comment les valeurs culturelles se traduisent-elles dans la pratique ?
● La place des femmes dans les entreprises familiales : quels sont les défis posés par la
succession ? Quelles sont les stratégies mises en oeuvre ? La structuration intra-familiale
influence-t-elle l’engagement et le positionnement des filles ? Le support du père a-t-il
un impact important ?
● Le « dilemme de l’enseignabilité »: existe-t-il des programmes visant à promouvoir
l’esprit d’(ent)reprendre chez les femmes ? Dans quelle mesure ces programmes
éducatifs ont-ils un impact sur les intentions et compétences des étudiantes considérant
l’option de la reprise ? Peut-on imaginer l’émergence d’une éducation
repreneuriale (ER) différenciée selon le genre de sorte à améliorer leur confiance en
elles ? Quels en seraient le développement, les tendances et les challenges au niveau
national et/ou européen augmenter le bassin de candidates potentielles ?
La liste de ces différentes questions traitant des enjeux, défis et perspectives du repreneuriat
féminin n’est pas exhaustive. L’appel à contribution est ouvert à toute proposition sans
restriction pour davantage encourager et convaincre les femmes de mieux saisir l’opportunité
de la reprise d’entreprise.
Dates clés
● Soumission des manuscrits (Version 1) : 25 septembre 2025
● Décision des éditeurs invités – desk reject : 10 octobre 2025
● Premier tour d’évaluation : 10 octobre 2025 au 20 novembre2025
● Reprise des manuscrits par les auteurs (version 2) : 15 février 2026
● Second tour d’évaluation : 15 février 2026 au 30 mars 2026
● Finalisation de détail (15 jours) : avant le 15 avril 2026
● Edition et publication : 10 juillet 2026