CfP – Revue Entreprendre & Innover – Handicap et entrepreneuriat : nouvelles perspectives d’emploi -1 mars 2022

Editeurs: Jérémie Renouf, Fernanda Arreola, David Halabisky, Simon Darcy, Jock

Collins

Handicap et entrepreneuriat : nouvelles perspectives d’emploi

 

Call for papers Entrepreneurship and Disability for E&I

 

L’intégration des personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie est promue en France depuis la première guerre mondiale, et notamment depuis les grandes lois sur le handicap de 1975 et 2005 . Auxquelles nous pouvons ajouter celle (20) (21) de 2015(22) relative à l’adaptation de la société à la perte d’autonomie, et celle de 2018 portant sur la liberté de choisir son avenir professionnel. Pourtant les personnes en situation de handicap continuent de souffrir d’une double marginalité dans le monde du travail : face à l’emploi et dans l’emploi(23). Leur taux de chômage est deux fois plus élevé que celui de la population active en général(24). Et pour celles qui travaillent, elles le sont plus souvent à temps partiel, ont des postes moins qualifiés et moins bien payés. Les entreprises de plus de 20 salariés ont pourtant l’obligation d’employer au moins 6% de personnes handicapées. Mais elles sont loin d’atteindre ce chiffre puisque le taux d’emploi direct est de seulement 3,5%, chiffre stable depuis plusieurs années (Insee, (20)2025).

L’entrepreneuriat est-il à la hauteur des enjeux d’inclusion des personnes en situation de handicap dans notre société ?

Face à ce constat d’échec des politiques publiques, plusieurs comportements émergent. Tout d’abord, de plus en plus de personnes en situation de handicap se détournent du travail salarié pour devenir entrepreneurs, qu’il s’agisse d’un entrepreneuriat d’opportunité ou de nécessité. Ainsi, dans le monde, nous observons ces dernières années, un intérêt croissant pour l’entrepreneuriat en tant que solution d’insertion des personnes en situation de handicap pour échapper au chômage, à la dépendance, à la pauvreté . Au sein de (26) l’Union Européenne, le risque de pauvreté est nettement plus élevé pour les personnes handicapées que pour celles qui ne le sont pas puisque 21,1% des personnes handicapées sont confrontées à ce risque, contre 14,9% des personnes non handicapées(27). La principale raison de cette disparité réside dans le faible taux d’emploi des personnes handicapées, qui constitue une cause et/ou une conséquence de leur exclusion sociale (28).

Les personnes en situation de handicap peuvent être perçues comme des entrepreneurs atypiques.

Déjà stigmatisées au quotidien lorsqu’elles sont salariées, elles sont contraintes de prouver leur efficacité et leur légitimité au poste de dirigeant (29). A cela s’ajoute les difficultés inhérentes au lancement d’un projet qui prennent des proportions encore plus grandes lorsque l’on est en situation de handicap en raison d’obstacles plus élevés ou ou uniquement en raison de leur handicap (accès aux financement, difficultés administratives, contraintes de santé, déplacements limités, problèmes de communication…)(30). Alors que de nombreuses recherches se focalisent sur les barrières liées au handicap, encore peu étudient leur potentiel créatif et leur impact social pour les personnes, les organisations et la communauté (31).

La recherche constate aussi le besoin de mettre en place un accompagnement adapté au profil du bénéficiaire , par exemple avec des réseaux de pairs . D’autant (32) (33) que la personne en situation de handicap est souvent dans une situation antinomique. D’un côté le handicap renvoie au monde de la contrainte. De l’autre côté l’entrepreneuriat renvoie au mythe du super héros. Ce paradoxe peut les conduire à faire taire leurs propres souffrances face au regard que les autres portent sur eux et les obliger à faire le va-et-vient entre leur héritage et leur destin(34). La posture hybride entre salariat et entrepreneuriat peut apparaître comme une solution intermédiaire intéressante associant la sécurité d’une part, et la liberté d’autre part(35).

Par ailleurs, de plus en plus d’entrepreneurs conscients de la nécessité de changer les modèles d’entreprises et de management, s’engagent dans des pratiques d’inclusion dans l’emploi. Ce concept d’inclusion, présenté comme un enjeu sociétal, dépasse le traitement du handicap sous l’angle médico-social et le place dans le champ de l’entreprise et du management (36). Dans cette optique, l’emploi n’est plus conçu comme un service rendu aux personnes handicapées – qui se concrétise par des établissements de soutien et d’aide par le travail (ESAT) par exemple – mais comme un domaine de l’existence où elles ont droit à l’égalité avec les personnes non handicapées, qui apporte progression et épanouissement professionnel (37). Cela suppose d’interroger la posture de l’entrepreneur, ce qu’il vise et ce qu’il recherche à travers son action entrepreneuriale dans sa pratique (38). Cela conduit aussi à étudier l’impact de ces initiatives dans les territoires et explorer les évolutions possibles des structures d’accueil existantes (39).

Finalement, cela renvoie au besoin de comprendre la nature de ces entreprises, leur caractère innovant et les pratiques managériales mobilisés au sein de ces entreprises.

(20) https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000333976/

(21) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000809647

(22) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000030972663

(23) Revillard A. (2019), Handicap et travail, Presses de Sciences Po, 120 pages

(24) https://www.insee.fr/fr/statistiques/4501621?sommaire=4504425&q=handicap+ch%C3%B4mage#consulter

(25) Insee Références, « Emploi, chômage, revenus du travail », TEF, 2020

(26) Maritz A., Laferriere R. (2016), « Entrepreneurship and self-employment for people with disabilities », Australian Journal of Career Development, 25(2), 45-54 ; Castillo Y.A., Fischer J.M. (2019), « Self-employment as a career choice for people with disabilities: personal factors that predict entrepreneurial intention », Journal of Rehabilitation, 85(1), 35:43 ; Caldwell K., Parker Harris S., Renko M. (2020), « Inclusive management for social entrepreneurs with intellectual disabilities: ‘‘how they act’’ », Journal of Applied Research in Intellectual Disabilities, (33) 204-218

(27) Halabisky D., Potter J. (2014), « Policy brief on entrepreneurship for people with disabilities: entrepreneurial activities in Europe », LEED of the OECD, European report, 3:5

(28) Hauben H., Coucheir M., Spooren J. McAnaney D., Delfosse C. (2012), « Assessing the impact of European governments’ austerity plans on the rights of people with disabilities », dans European Foundation Centre (éd.), European report, 19:24 ; Halabisky D., Potter J. (2014), « Policy brief on entrepreneurship for people with disabilities: entrepreneurial activities in Europe », LEED of the OECD, European report, 3:5

(29) Gardien E. (2006), « Travailleur en situation de handicap : de qui parle-t-on ? Pour une analyse des situations partagées », Reliance, 19, 50:59

(30) Raffin M. (2017), « L’entrepreneuriabilité des personnes en situation de handicap », in La santé du dirigeant. De la souffrance patronale à l’entrepreneuriat salutaire, (dir. Torrès O.), 181:197 ; Raffin M. (2018), L’impact sur la santé de la transition entrepreneuriale des dirigeants de PME en situation de handicap, Thèse pour le doctorat en sciences de gestion, Université de Montpellier, 361 pages

(31) Darcy S., Maxwell H., Grabowski S., Onyx J. (2019), « Artistic impact: From casual and serious leisure to professional career development in disability art », Leisure Sciences

(32) Chabaud D., Messeghem K., Sammut S. (2010), « Vers de nouvelles formes d’accompagnement ? », Revue de l’entrepreneuriat, 2(9), 1:5 ; Darcy, S., Collins, J., & Stronach, M. (2020). « Australia’s Disability Entrepreneurial Ecosystem: Experiences of People with Disability with microenterprises, self-employment and entrepreneurship », University of Technology Sydney, Sydney.

(33) Roche D. (2014), « Les gens différents développent d’extraordinaires compétences », Entreprendre & Innover, 20(1), 78:86

(34) Alter N. (2014), « Un entrepreneur est nécessairement dans la position de l’étranger », Entreprendre & Innover, 20(1), 66:70

(35) Renouf J. (2019), Accompagner la transition professionnelle du salariat à l’entrepreneuriat, Thèse pour le doctorat en sciences de gestion, Université de Reims Champagne-Ardenne, 318 pages

(36) Tisserant G. (2012), Le handicap en entreprise : contrainte ou opportunité ?, Pearson, collection Village mondial, 234 pages

(37) Revillard A. (2019), Handicap et travail, Presses de Sciences Po, 120 pages

(38) Csanyi-Virag V. (2019), « Entrepreneuriat inclusif et handicap : une exploration critique de la littérature internationale », Question(s) de management, 2(24), 129:149

(39) Combes M. (2020), « ESAT de DEMAIN. Vers des organisations capacitantes », Rapport de recherche 2017-2020, Chaire ESS de l’URCA, laboratoire REGARDS, 64 pages

Les communications pourront notamment porter sur les thèmes suivants :

– L’entrepreneuriat est-il une solution d’inclusion des personnes en situation de handicap dans la société ?

– Face à la baisse du taux de natalité l’entrepreneuriat facilitera-t-il l’accès à une main d’oeuvre qualifiée de travailleurs en situation de handicap ?

  • Quelles sont les pratiques d’accompagnement à l’entrepreneuriat spécifiques pour les personnes en situation de handicap ?
  • Les écosystèmes sont-ils adaptés aux projets portés par les entrepreneurs en situation de handicap ou qui entreprennent dans le champ du handicap ?
  • En quoi l’inclusion des personnes en situation de handicap fait évoluer les pratiques des entrepreneurs et leur organisation ?
  • Comment accompagner les entrepreneurs dans des modes de management plus inclusifs ?
  • Comment l’innovation inclusive est au service de l’emploi ?
  • Quel est l’impact dans les territoires des organisations entrepreneuriales inclusives ?
  • Le développement des pratiques entrepreneuriales inclusives passent-elles par un changement de regard sur le handicap ?
  • Quelles sont les pratiques pédagogiques innovantes pour sensibiliser les jeunes populations aux défis rencontrés par le handicap ?
  • Comment accompagner les transitions professionnelles des personnes en situation de handicap ?
  • Quel est l’influence du handicap dans la trajectoire entrepreneuriale ?
  • Le handicap a-t-til un impact dans le choix de la structure juridique ?
  • Les coopératives d’activité et d’emploi, et les couveuses, peuvent-elles des solutions alternatives au secteur du « travail protégé » ?
  • Quels sont quelques exemples dans le monde de programmes réussis visant à faciliter l’inclusion des personnes handicapées par le biais du travail indépendant ou de l’entrepreneuriat?

Les soumissions sont acceptées en anglais et en français.

Les dates principales à retenir sont :

  • 01/03/22 : Soumission des textes originaux
  • 01/07/22 : Retour vers les auteurs
  • 01/10/22 : Date limite d’envoi des textes révisés
  • Mars 2023 : Publication du numéro

Ligne éditoriale

La revue Entreprendre et Innover est une revue de vulgarisation de haut niveau dans le domaine de l’entrepreneuriat et de l’innovation édité par DeBoeck Université. Son ambition est de mettre à la portée d’un lectorat de cadres, entrepreneurs, professionnels des réseaux de création d’entreprises et dirigeants d’entreprises, des articles originaux, solides sur le plan scientifique ou innovants sur le plan des idées exprimées. La revue est ouverte à TOUTES les disciplines et à TOUS les points de vue qui s’intéressent à l’entrepreneuriat et à l’innovation.

Dans la mesure où cette revue s’adresse en priorité à des praticiens, nous restons attentifs à ce que les contributions aient une préoccupation d’applications pratiques, d’implications entrepreneuriales et/ou de recommandations en matière politique.

Dans cet esprit, les contributions devront :

avoir une section faisant explicitement référence à ces préoccupations : le lecteur doit toujours pouvoir se dire en fin de lecture : et alors ? en quoi cet article m’aide à agir ou à mieux réfléchir pour mon action future ?

adopter un langage plus concret et opérationnel qu’il n’est d’usage dans les revues académiques : la théorie ne doit pas être absente mais vulgarisée, c’est-à-dire traduite en termes simples. Les concepts abstraits doivent être explicités et/ou illustrés par des exemples pratiques.

ne pas accumuler les références scientifiques : le but est de choisir quelques auteurs de référence utiles pour comprendre le propos, non de montrer l’exhaustivité de la littérature académique sur le sujet. Les références scientifiques doivent être exclusivement citées grâce aux notes de bas de page.

Le détail des consignes aux auteurs est disponible sur le site de la revue dans la rubrique « Comment contribuer ». Il est impératif de les respecter lorsque vous envoyez votre soumission.

Merci d’envoyer votre soumission sur la plateforme de soumission de la revue :

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